La néphropathie à BK virus
Le BK virus et son histoire naturelle
Le polyomavirus BK (BKPyV) est un virus ubiquitaire dont la prévalence est d’environ 90 % dans la population adulte mondiale. La primo-infection survient pendant l’enfance, probablement par voie aérodigestive. Après infection, le virus diffuse de manière hématogène et persiste ensuite à l’état latent dans l’épithélium rénal. Il existe plusieurs sous-types de virus BK dont la prévalence varie selon les régions du monde. Les sous-types les plus courants sont les sous-types I (80 %), IV (15 %), II et III (5 %).
Le BK virus et la greffe rénale
Généralement silencieux chez l’individu immunocompétent, le pouvoir pathogène du virus BK s’exprime principalement dans un contexte d’immunosuppression, et notamment chez le transplanté rénal (environ 90 000 greffes par an dans le Monde). En effet, afin d’éviter le rejet du greffon, des traitements immunosuppresseurs sont administrés aux greffés. Depuis une vingtaine d’années, l’utilisation de nouveaux immunosuppresseurs plus puissants (Tacrolimus, Mycophénolate mofétil) a permis la diminution du taux de rejets aigus. Cependant, le contexte d’immunosuppression accrue du patient greffé peut entraîner la réactivation du virus BK. C’est ainsi qu’au cours des deux premières années post-greffe, entre 30 et 40% des patients greffés rénaux présenteront une réactivation du virus BK qui se traduira par la présence du virus dans les urines (i.e. virurie). La réplication du virus va alors s’intensifier notamment dans les cellules de l’épithélium tubulaire et induire des lésions conduisant au passage du virus dans le compartiment sanguin (i.e. virémie) chez 20 à 25% des patients greffés rénaux. A ce stade, le risque est l’évolution vers une néphropathie tubulo-interstitielle dont l’incidence à 5 ans est de 6-7% et qui peut conduire à la perte du greffon rénal (jusqu’à 5% des patients greffés) et donc un retour en dialyse pour le patient transplanté. En l’absence de traitement spécifique, il est important de détecter précocement la réactivation du virus BK.